de William Shakespeare
projet, dramaturgie et interprétation
Elena Bucci (Lady Macbeth) et Marco Sgrosso (Sir Macbeth)
Le belle bandiere
CTB - Teatro Stabile di Brescia
Province de Macerata - Terra di Teatri
en collaboration avec AMAT et la ville de Russi
mise en scène: Elena Bucci
avec la collaboration de Marco Sgrosso
avec: Vladimir Aleksic (Hecate), Gaetano Colella (Duncan, Portier, Maria), Marco D’Amore (Seyton, Drama) Andrea De Luca (Macduff, Caterina), Massimo Di Michele (Malcolm, Ermelina), Roberto Marinelli (Banquo, Amanda)
lumières: Maurizio Viani - composition, musicien en direct: Andrea Agostini - assistants à la mise en scène: Paola Bartoli, Francesco Ghiaccio, Paolo Gorietti - régie lumières: Matteo Nanni - son: Raffaele Bassetti - régie plateau: Giovanni Macis - costumière: Marta Benini - photographie: Tommaso Le Pera - chargée de diffusion CTB: Bianca Simoni - chargée de presse Le belle bandiere: Giulia Calligaro - administration: Paola Bartoli - distribution: Emilio Vita
Comme il arrive souvent avec les grandes
œuvres, ce texte vole à travers le temps et semble avoir été
écrit pour nous, qui assistons effarés à la légitimation de la
course au pouvoir et de la boulimie de biens matériels, et qui
vivons le vide créé par le changement rapide des valeurs et du sens
de nos pactes sociaux.
Ainsi va Macbeth: la scène est peuplée
d'ombres, elle est glissante et changeante. On traverse un monde
tissé de fausseté, où la vérité doit se déguiser en mensonge
(ou en songe) pour exister.
On écoute le murmure de forces qui ne sont pas
toujours compréhensibles, le retentissement d'une intériorité qui
se révèle avec une urgence imprévue, alors que l'enchaînement des
événements exige que chaque destin s'accomplisse.
Que sont les paroles des Sorcières – médiums
mystérieuses entre le monde réel et l'univers des possibilités –
si ce n’est des vérités qui se transforment en mensonges et vice
versa, selon la conscience et la volonté de qui les écoute?
Une fois l'acte enfreignant toutes les valeurs
accompli, Sir et Lady Macbeth ne parviennent plus à croire dans le
futur, ni à tisser la toile de coïncidences qui construisent les
règnes et les utopies.
La soif de pouvoir et le souci de le perdre
engendrent une volonté acharnée, qui conduit à s'élever au-dessus
de toute règle morale, et qui en même temps condamne à l’inutilité
d’une vigilance perpétuelle.
Les époux, stériles, sans lieu, suspendus
entre nuit et jour, entre veille et sommeil, sont incapables de
contourner le murmure de leur conscience et des Sorcières guidées
par Hecate, qui assistent, impuissantes et affligées, à la
manifestation des choix des Hommes.
Qu’est-ce ce qui lie les deux souverains si
ce n’est le désarroi?
«Perdre le sommeil» ne signifie-t-il pas
perdre le sens de la vie?
Si la vie s'avère être vide, le sommeil –
provisoire abandon à une mort apparente et régénératrice –
devient insensé et impossible. Il faudra qu'ils veillent et
surveillent sans cesse, jusqu'à ce qu’ils deviennent des spectres
dans un monde peuplé de spectres. Des morts-vivants. Des vampires.
Par son rythme harcelant de thriller, par les
échos profonds que produisent les paroles d'un maître, ce texte est
devenu pour nous le cauchemar de Sir et Lady, raconté et vécu à
chaque reprise. Son ambigüité changeante a fini par influencer
notre lecture et notre travail. Nous nous sommes efforcés d'oublier
ce que nous croyions savoir, à travers l'improvisation et la
réécriture, et grâce à la forte cohésion de la compagnie, ce qui
nous a conduit à déceler de nouveaux sens et points de vue à
chaque répétition, tout en respectant la structure de l'histoire.
Du conte populaire – qui renvoie aux
représentations en plein air – on glisse vers une transformation
continue des acteurs en Sorcières, qui passent à travers les
Sorcières et les autres personnages du récit, jusqu'à atteindre
une action chorale nue, qui ouvre grand la porte aux questions sur le
futur.
Le décor est suspendu dans le vide, et les
seules présences sont le trône, quatre planches et les reflets de
lumière flottante créés par Maurizio Viani, évoquant un château,
une lande, l'effroi, le désert, la mort, la mer, un songe.